Devenir milliardaire en dix leçons
Depuis un an, The Millionaire Next Door de Thomas Stanley (chez Simon & Schuster) fait partie des best-sellers. Ce livre sur les « secrets surprenants des riches en Amérique » nous raconte la vie de riches qui n’en ont pas l’air. Portrait-robot : entrepreneur individuel de 57 ans avec trois enfants, dur labeur, économies (trois règles d’or : « frugal, frugal et frugal ») et un métier tout à fait ordinaire, comme sous-traitant en mécanique, propriétaire de parcs de mobile homes ou commissaire-priseur. On est loin de Bill Gates. Pourtant, tous ces gens sont riches, très riches, et ils ont forcément des leçons à nous donner. Ces millionnaires-là vivent systématique- ment au-dessous de leurs moyens (costumes tristes et voitures normales) et investissent tout aussi systématiquement entre 15 % et 20 % de tout ce qu’ils gagnent. En moyenne leurs revenus pèsent 7 % de leur fortune et ils sont pour 80 % des « self-made-riches ». Etrange leçon, la création de valeur viendrait également de l’économie et de l’épargne. Cet ouvrage – rassurant dans une époque d’accélération – a eu tellement de succès que Thomas Stanley vient d’en publier la suite. The Millionaire Mind (Andrews McMeel Publishing), fondé encore sur une étude approfondie, cette fois de 1 371 millionnaires, confirme que ce sont tous de grands économes sinon de grands économistes, puisque nombre d’entre eux n’ont pas fait de brillantes études – juste moyennes –, qu’ils aiment leur famille, ne flambent pas et visent le bilan plutôt que le compte de résultat. Ces millionnaires-là sont peut-être bien réels mais peu exaltants. Aussi Martin Fridson raconte dans How to Be a Billionaire (John Wiley & Sons) comment devenir milliardaire en suivant les stratégies reconnues des « titans de la richesse ». Le livre est assez réussi pour que Ross Perrot lui-même – cité dans l’ouvrage évidemment – déclare que l’auteur a tout compris sur la façon de devenir riche. Voyons de plus près ces neuf stratégies. On aura le choix entre : « prendre d’énormes risques » (comme H. Hunt), « faire des affaires d’une façon nouvelle » (comme Sam Walton qui reconnaît n’avoir fait que copier les autres… en mieux, pour créer Wal-Mart), « dominer son marché » (Bill Gates), « consolider un secteur », « acheter bon marché et revendre cher », « prospérer en multipliant les coups et les deals », « manager mieux que les concurrents » (Richard Branson et son incroyable popularité chez ses employés), « investir dans la politique » et finalement « tenir tête aux syndicats » ! Si, devant ces stratégies de milliardaires, certains Américains croient toujours que la meilleure façon de devenir riche est encore de faire fortune grâce à Internet, un livre vient doucher leurs rêves : Netslaves de Bill Lessard et Steve Baldwin (McGraw-Hill). Les deux auteurs font le tour de toutes les histoires tristes des coulisses du Web en résumant ainsi leur enquête : « Il y a des fous partout, mais ceux qui s’obligent à travailler comme des chiens en rêvant à des stock-options ou à d’hypothétiques richesses le sont tout particulièrement. » Lessard et Baldwin parlent de création de valeur à partir d’une séparation en castes bien définies de la grande famille d’Internet (d’où ils sont issus eux-mêmes). Ils écrivent sur ces informaticiens de base, prolétaires du logiciel, forçats du HTML, qui survivent à coup de pizzas et de boissons gazeuses et ne seront jamais très riches, tandis qu’en haut de la pyramide d’autres le sont extrêmement. Se pourrait-il que le Net soit une industrie comme les autres avec ses exploités et ses magnats ? Le débat ne fait que commencer. Les ouvrages cités sont disponibles sur www.amazon.com